Kinesthésique hypersensible ?
Aujourd’hui, notre relation au monde se définit beaucoup par ce que nous pouvons montrer et entendre. Ainsi ceux dont la sensibilité d’apprentissage dominante n’est ni visuelle ni auditive, mais passe par le mouvement et par la dynamique relationnelle (émotions, expériences, toucher…) se trouvent hors jeux.
Les kinesthésique sont pénalisés dès l’entrée à l’école maternelle, ils ne sont pas reconnus, sans reconnaissance, leurs compétences d’apprentissage ne se développe pas.
L’être humain développe majoritairement différents modes sensoriels d’apprentissage, qui sont complémentaires. Par ailleurs, si un de ces moyens d’apprentissage est affecté ou devient totalement inopérant, ceux qui sont en fonction peuvent compenser (phénomène de résilience).
Êtes-vous kinesthésique ?
KIN : mouvement, mise en action ESTHESIS : sensibilité physique
Le sens kinesthésique est le sens qui règle l’équilibre et coordonne les actions permettant de faire bouger/déplacer le corps à volonté et avec cohérence.
La kinesthésie (ou cinesthésie), perception des déplacements des différentes parties du corps, assurée par le sens musculaire et par les excitations de l’oreille interne, permet à la personne de définir l’orientation optique, gustative, tactile, olfactive et ses coordinations relationnelles.
La kinesthésie contrariée peut avoir un impact sur le langage (dyslexie), l’oralité (dysphasie), la gestuelle et les fonctions visuo-spatiales (la dyspraxie), le dénombrement et le calcul (la dyscalculie), l’hypersensibilité, les troubles de l’attention, et sur l’état psychologique.
Le sens kinesthésique associé au sens proprioceptif permet la gestion de la posture.
Le sens kinesthésique est le sens dont dépendent tous les autres sens. Il ouvre à l’expérience de la complexité et la compréhension de la dynamique relationnelle dans sa globalité.
Les différents moyens d’apprentissage
Visuels : schéma, graphique, image, écriture soulignée/surlignée, couleurs
Auditifs : lecture et répétition à haute voix, écoute attentive sans prendre de notes
Kinesthésiques : vécus sensoriels et émotionnels, expérience motrice, mise en scène concrète ou symbolique à travers des objets, imitation
Qui reconnait la sensibilité d’apprentissage kinesthésique ?
La sensibilité d’apprentissage kinesthésique est principalement reconnue par les spécialistes théoriques de la communication et les professionnels du coaching. Son introduction dans le système éducatif et le monde professionnel reste marginal : les supports et moyens restent adaptés pour ceux qui ont une dominance d’apprentissage visuelle et auditive.
Pourtant, cette sensibilité nous connecte à la Nature et ce qui est essentiel chez l’être humain : la dynamique relationnelle du « vivant ». Elle est fondamentale aux sciences naturelles et sociales, mais aussi elle aussi à la compréhension usuelle des mathématiques et des sciences littéraires.
Comment la sensibilité d’apprentissage kinesthésique fonctionne ?
La sensibilité d’apprentissage kinesthésique repose sur la perception et la mémoire sensorielle des dynamiques relationnelles dans l’espace et le temps. Les supports d’apprentissage kinesthésiques doivent donc représenter les trois dimensions spatiales et la dimension temporelle.
Le développement de cette capacité d’apprentissage nécessite des pratiques sensorielles qui perfectionnent les moyens proprioceptifs par des pratiques corporelles sensorielles ainsi que des moyens de conceptualisation et de représentation dynamiques, globales et systémiques, pour les perceptions du mouvement extérieurs.
Cette sensibilité d’apprentissage, basée sur la perception du mouvement, exige paradoxalement des contextes, des rituels et des repères d’apprentissage stables.
Histoire d’un génie kinesthésique
Albert Einstein a été en grande difficulté scolaire pendant les seize premières années de sa vie. Il fut accueilli par une école à l’âge de 16 ans et enfin a pu exploiter sa sensibilité kinesthésique et son appétence pour les mathématiques !
Être kinesthésique l’a probablement permis de découvrir la théorie de la relativité : il explique que s’est en se projetant, en se mettant dans la dynamique relationnelle avec tous les éléments contextuels de son expérience, qu’il a pu faire sa découverte.
La boussole, que son père lui a offerte quand il avait 5 ans, a selon lui certainement contribué au développement de son approche des phénomènes physiques et de sa compréhension du monde.
« Son père lui offrit une boussole. L’enfant fut immédiatement fasciné par l’aiguille, qui changeait de direction tandis qu’il se déplaçait. Le fait qu’une force magnétique invisible à l’œil fasse bouger l’aiguille bouleversa le petit Einstein. Il se demanda tout de suite s’il existait dans l’univers d’autres forces aussi invisibles et aussi puissantes, que personne n’aurait encore découvertes ni comprises? Toute sa vie, ses intérêts et ses idées tournèrent autour de cette question simple des forces et des champs cachés ; souvent, il repensa à la boussole qui avait déclenché cette passion ».
Atteindre l’Excellence de Robert Greene
A quoi nous sert la sensibilité kinesthésique ?
La sensibilité kinesthésique ouvre les portes aux explorations, aux expérimentations, aux recherches, aux découvertes aux innovations. Elle développe des facilités d’appréhenssion du non-conventionnel, de l’inconnu, du « chaos », des paradoxes. Elle est capitale face aux épreuves et tout changement que l’Humanité est amenée à vivre pour trouver des solutions adaptées liées à la complexité de la nature.
Pourquoi la sensibilité kinesthésique reste-elle si peu connue ?
Cette sensibilité est associée dans l’inconscient populaire :
- au plaisir charnel, donc limiter à l’espace intime, alors que nous avons besoin de la sensation et de l’émotion pour apprendre et comprendre;
- au plaisir innocent du petit enfant, alors que le jeu, l’expérimentation (la compréhension par l’erreur) augmentent nos capacités d’apprentissage ;
- au plaisir « marginal » des artistes ou des savants fous, alors que la capacité d’aller au delà des limites est nécessaire à la recherche et l’innovation
- à la culpabilité de ressentir du plaisir, alors que le plaisir est un indicateur fort d’existence qui répond au besoin du sentiment d’existence et participe au sentiment de sécurité.
La sensibilité kinesthésique à l’avantage de participer au sentiment d’existence, par le plaisir éprouvé, nécessaire à
- la persévérance, l’excellence et la réussite dans tout apprentissage
- le savoir-être et le savoir-faire dans la relation à Soi, à l’Autre, au Monde, les compétences relationnelles (soft skills).
Les inconvénients d’une sensibilité d’apprentissage kinesthésique dominante :
- elle nécessite l’isolement (pas d’open space, pas d’environnement stimulant),
- elle demande une gestion émotionnelle permanente (pas d’évacuation, mais un traitement des informations perçues),
- elle capte les tensions, les dysfonctionnements,
- elle est un « paratonnerre émotionnel » dans les collectifs
Pourquoi faire le choix d’introduire la sensibilité kinesthésique dans l’éducation et les apprentissages ?
Voir et entendre ne suffit pas à l’être humain pour développer sa compréhension du monde et ses stratégies de vie : il a besoin de (se) SENTIR et (se) RESSENTIR dans tous ses espaces relationnels ce qui se vit.
Ignorée, inconsidérée, rejetée, cette sensibilité s’impose par malgré tout à travers l’hypersensibilité, les frustrations, la dépression… les manques et les problèmes de motivation, d’estime de soi, d’impulsivité… des peurs, du stress, de l’agressivité, et ces dysfonctionnements relationnels inconscients répétés conduisent au harcèlement.
Stimulée, développée, reconnue, la sensibilité d’apprentissage kinesthésique contribue au bien-être personnel, inter-relationnel et social : elle permet de transformer l’individualisme égocentré sur les peurs en un individualisme conscient et connecté à son écosystéme et ouvert sur le Monde.
La sensibilité kinesthésique au service du développement personnel
La sensibilité d’apprentissage kinesthésique est majoritairement utilisée dans la petite enfance, et perdue dès l’entrée de l’école. Elle permet à l’individu de s’orienter avec efficacité vers les outils et les moyens qui permettent d’augmenter ses connaissances utiles à son développement et à son épanouissement en fonction de son environnement.
Elle lui permet de savoir comment rentrer en relation pour communiquer, explorer l’inconnu, appréhender les dangers… et de JOUER. Travailler sans jouer est une aberration : les neurosciences l’ont prouvé, le cerveau fonctionne mieux dans un contexte ludique.
La sensibilité kinesthésique met l’individu en relation avec la complexité de son environnement afin d’aborder globalement les problèmes pour en saisir les enjeux sans rien laisser de côté et entreprendre en conciliant les différents besoins. Non reconnue, non exploitée, la sensibilité kinesthésique s’est atrophiée dans notre société.